Sur mes quatre enfants, il n’y a qu’Eden qui est née à la maison (et en France !), mais j’ai été suivie pour un AAD (Accouchement A Domicile) pour les trois garçons en Angleterre, et je le suis à nouveau pour cette grossesse. C’est parti pour un comparatif !
(NB : ce comparatif se base sur ma propre expérience ; les informations données ne sont peut-être pas exactes ni dans toute la France, ni dans toute l’Angleterre, mais elles le sont dans les régions dans lesquelles on a vécues. N’hésitez pas à partager votre témoignage si vous êtes concernée !)
Le suivi de grossesse :
- En France :
- Très médicalisé ! J’ai été surprise de toutes les prises de sang à faire, tous les examens, les RDV fréquents, le nombre d’échographies, la visite avec l’anesthésiste… Les RDV se font dans le cabinet de la sage-femme, sauf les quelques derniers qui sont à notre domicile.
- Il existe peu de sage-femmes qui pratiquent les AAD, et pour les connaître, ça marche souvent au bouche à oreille. C’est la même qui assure tout le suivi. La mienne travaillait en équipe avec une collègue, notamment pour assurer une présence le jour J si elle n’était pas disponible.
- Les sage-femmes indépendantes ne sont pour la plupart pas assurées pour pratiquer les AAD (à cause du prix !) et prennent donc en général peu de risque.
- Les futures mamans s’arrêtent souvent de travailler au cours de la grossesse, soit en commençant leur congé maternité, soit en demandant un congé pathologique.
- Les cours de préparation à la naissance sont très courant et il y en existe plein de sortes !
- En Angleterre :
- Au contraire, très peu de suivi, surtout quand il s’agit d’un 2ème bébé (ou plus). Pour tout vous dire, j’en suis à 31 semaines, et je n’ai eu que deux RDV avec ma sage-femme ^^ Tous se passent au domicile de la future maman.
- L’AAD est souvent proposé aux futures mamans dont les grossesses se passent bien (chez nous ils font vraiment un effort pour essayer de promouvoir les naissances à domicile).
- Il n’y a que deux échographies programmées (à 12 et 20 sa), et beaucoup moins de tests de routine (je n’avais personnellement jamais été testée pour la toxoplasmose en trois grossesses par exemple). Pas de RDV avec un anesthésiste non plus.
- La plupart des villes ont une équipe de « community midwives » (sage-femmes de communauté) rattachée à l’hôpital le plus proche, qui s’occupe justement de suivre les femmes qui souhaitent accoucher chez elle. Dans ma ville, elles sont une douzaine. C’est aussi la même sage-femme qui assure tout le suivi de grossesse, mais comme il y a toute une équipe, on peut toujours demander à en changer si le courant ne passe pas.
- Les sage-femmes sont employées par le NHS (« National Health Service », le système de santé anglais) et donc ne peuvent pas refuser d’accompagner les futures mamans qui ont ce projet d’AAD, même lorsqu’il y a des complications.
- Les futures mamans travaillent jusqu’au jour J (ou presque) ; le congé pathologique est rare et souvent uniquement accordé en cas de problème avéré.
- Les cours de préparation à l’accouchement proposés par le NHS se résume à 1h ou 2 dans une grande salle avec plein de futurs parents pour parler de l’accouchement. Sinon, on peut payer (cher) pour assister à de très bons cours, proposés par le NCT (National Childbirth Trust).
L’accouchement :
- En France :
- La future maman fournit le matériel pour l’accouchement : alèses, etc, selon une liste donnée par la sage-femme.
- La sage-femme (qui se déplace souvent sur une distance assez longue) arrive le jour J quand on lui demande de venir (un peu tôt dans mon cas, oups).
- Elle reste quelques temps après la naissance pour vérifier que tout se passe bien.
- Coût total d’un AAD : entre 200 et 1000€ environ (ça varie énormément selon les régions…)
- En Angleterre :
- Dans certaines régions, ce sont les sage-femmes qui amènent le matériel ; dans d’autres, c’est la future maman qui le fournit. Dans tous les cas, les sage-femmes ont avec elle du protoxyde d’azote (gaz hilarant) à disposition pour l’accouchement.
- Le jour J, ce n’est pas forcément la sage-femme qui a fait le suivi de grossesse qui est présente : tout dépend de si elle est « on call » ce jour-là ou pas ! Puisqu’elles sont une équipe, elles peuvent être appelées à tout moment lorsqu’elles sont de garde et sont bien-sûr obligées d’aller se reposer entre deux journées de travail. Par contre, on a plusieurs opportunités pendant la grossesse de rencontrer toute l’équipe de « community midwives », et on peut toujours demander une sage-femme en particulier (ou en refuser une autre).
- La sage-femme envoyée par l’équipe arrive et reste ou non en fonction de l’avancement du travail (qu’elle juge souvent simplement selon comment la maman gère…)
- Lorsque la sage-femme présente pense que le moment fatidique approche, elle appelle une seconde sage-femme : elles sont deux pour l’expulsion du bébé et du placenta.
- Elles restent ensuite environ 2h après la naissance, également pour vérifier que tout va bien.
- Coût : 0€, tout est payé par le NHS.
L’après-accouchement :
- En France :
- La sage-femme revient dans les 48h et assure le suivi la première semaine (et le premier mois, me semble-t-il…) Puis c’est aux parents de choisir un suivi pour leur bébé (médecin traitant, pédiatre, PMI, rien du tout, …)
- Les cours de rééducation du périnée sont fortement recommandés (et tout le monde s’étouffe en apprenant que je n’en ai jamais fait pour les trois premiers).
- En Angleterre :
- La sage-femme qui a assuré le suivi de grossesse (qui est parfois la même que celle présente à l’accouchement, parfois non) assure aussi le suivi post accouchement, toujours à la maison. Niveau fréquence, c’est similaire à la France, mais c’est pendant les six premières semaines. Ensuite le relai est passé à un « health visitor » qui vient à la maison les premiers mois.
- La rééducation du périnée, ça n’existe pas ! Ou plutôt, on en entend parler vaguement par la sage-femme qui mentionne énigmatiquement « n’oubliez pas de travailler votre périnée », et puis c’est tout, plus personne n’en reparle jamais.
Personnellement, je préfère le suivi anglais, mais j’ai la chance d’avoir eu des grossesses relativement sans encombre et j’aime bien être laissée tranquille… Donc le suivi très médicalisé français, j’ai eu du mal à m’y faire. Je reviendrai vous raconter la naissance de bébé 5, en espérant qu’il naisse à la maison comme sa grande sœur ! ❤
Article super intéressant et complet. Pleins de bonnes ondes pour la suite ! 🙂
EM.
J'aimeJ'aime
Article très intéressant ! Incroyable vous étiez déjà tentée par un accouchement à domicile pour William :Ô j’avais tellement peur d’accoucher pour mon premier ça ne m’a même pas effleuré l’esprit 😂 par contre quand je vois comment s’est passé mon deuxième accouchement (parfaitement bien, un accouchement « comme dans les livres » d’après les sages femmes, mais avec une péridurale loupée qui résulte en de gros problèmes de dos toujours pas résolus quasi un an après…) je me dis que si jamais il y a un 3 ème, cela pourrait être une option à explorer!! Ou au moins pas de péridurale et une sortie anticipée parce que le séjour en maternité est vraiment bof en France
Merci pour cette comparaison ! 😊
J'aimeJ'aime
Ma fille est née à la maison aussi l’année dernière. Cela s’est passé à peu de choses près comme tu l’as décrit… Personnellement, je rêve d’un suivi « à l’anglaise » avec très peu de tests, rdv et médicalisation!
Bonne chance pour le 5ème! 😉
J'aimeJ'aime
Pour ma première, je n’ai eu « que » 3 échographies en plus des tests toxoplasmose tous les mois et glucose au 5eme mois. Accouché à la mater (plutôt mauvais souvenir). Pour mon 2eme j’ai pensé à l’accouchement à domicile mais si je l’avais fait il ne serai plus parmi nous…
Si une 3eme grossesse devait arriver, j’y réfléchirais mais quand même, ça me plairait beaucoup. Bonne continuation à vous
J'aimeJ'aime
C’est ce qu’on entend de temps en temps mais malheureusement les complications sont souvent le résultat d’interventions qu’on a à l’hôpital… Il y a moins de risques à accoucher chez soi qu’à accoucher en maternité !
J'aimeJ'aime
Je ne connais pas le cas d’Amélie, mais je sais que la césarienne en urgence a sauvé la vie de ma troisième fille et j’ai été césarisée 1/2 heure après mon arrivée à la clinique donc ils ne m’avaient rien fait! Mais elle était en front, supportait très mal les contractions (heureusement espacées mais j’ai cru que son cœur allait s’arrêter au monito, ça fait très peur) et le travail était très peu avancé (les contractions n’étaient pas efficaces en raison de sa position) + un liquide teinté foncé, que du bonheur! Pourtant mes deux premiers accouchements avaient été rapides et sans problème et j’étais prête à envisager l’AAD. Je pense toujours que c’est une option très sympa mais il faut vraiment ne pas être loin de la « médicalisation » qui peut tout de même sauver des vies.
J'aimeJ'aime
Heureusement, un AAD n’empêche pas un transfert à l’hôpital en cas d’urgence 🙂
J'aimeJ'aime
Ayant moi aussi accouché à domicile pour mon premier enfant, je voulais simplement préciser pour celles que ça intéresse que la plupart des sages-femmes pratiquant les AAD sont répertoriées sur le site de l’ANSFL (Association Nationale des Sages-Femmes Libérales) : https://ansfl.org/trouver-une-sf/
Concernant le coût total d’un AAD, c’est effectivement très variable mais une grosse partie est prise en charge par la Sécu, et il faut savoir que cela coûte au final beaucoup moins cher au contribuable qu’un accouchement en maternité 🙂
Dans mon cas, mes deux sages-femmes sont venues chaque jour pendant une semaine après l’accouchement, et c’était vraiment appréciable de ne pas être seule, surtout pour un premier enfant. Elles m’ont dit « on viendra aussi longtemps que tu en auras besoin ». On crée vraiment d’autres liens qu’avec le suivi médical traditionnel !
Pour finir, il existe une association, le CDAAD (Collectif de Défense de l’Accouchement A Domicile), pour laquelle je suis bénévole, qui essaie de faire entrer l’AAD dans l’offre de soins en France, pour que ça devienne aussi simple qu’en Angleterre. Il y a du boulot, mais on y croit !
Et enfin, je suis contente de voir que vous parlez de l’AAD Héloïse, car c’est dans ce cadre-là que l’on s’était rencontré, en juillet 2017 lors d’un pique-nique organisé par nos sages-femmes dans la forêt de Saoû. Mes jumeaux n’ont que deux mois de moins qu’Eden, et on était bien contents d’être assis à côté de vous, car je n’avais préparé qu’un pauvre cake et on a pu profiter de toutes les bonnes choses que vous aviez cuisinées 🙂 !
J'aimeJ'aime