(Publié pour la première fois le 14/09/2014 sur mon ancien blog, ces émotions me prennent toujours autant aux tripes et j’avais envie d’immortaliser ce texte en le partageant à nouveau ici. J’ai écrit cette lettre lors d’une psychothérapie qui m’a aidée à sortir de la dépression post-partum).
Ezra,
Je m’étais promis que je prendrais autant de photos de toi bébé que de William. J’étais sûre que je n’oublierais pas d’immortaliser toutes tes petites mimiques. Et nous voilà, tu as bientôt 9 mois… Et je n’ai pas tenu la promesse que je m’étais faite. Quand tu grandiras, est-ce que tu penseras que je ne t’aimais pas autant que ton frère ?
Ezra, tu es si calme, si sage, si agréable ; parfois, on pourrait presque oublier que tu es là. Tu attends, en silence, qu’on ait le temps de s’occuper de toi. Comme je culpabilise de ne pas être disponible pour toi autant que je l’ai été pour William…
Ce soir, tu portes un pyjama trop long. J’ai voulu prendre une taille un peu plus grande, cette fois. Tu sais pourquoi. Tu m’as entendu parler de l’armoire dans laquelle reposent tous les petits vêtements que tu n’as jamais mis. J’ai bien fait de t’acheter un pyjama trop grand ; demain, déjà, il sera trop petit. Tu grandis vite, beaucoup trop vite.
Ezra, quand tu as du mal à t’endormir le soir… Je te prends dans mes bras. Je te berce. Je te chante des berceuses. Je te câline. Il n’y a que toi et moi. Je profite de chaque seconde. Il m’arrive de pleurer, quand je pense à tout ça…
Quand je plonge mon nez dans les pliures de ton cou… Je sens ton odeur, l’odeur que tu avais quand tu es né. L’odeur qui me rappelle que tu es encore un bébé ; mon tout petit bébé. Ça sent bon, comme un parfum unique, indescriptible.
Quand je te berce… Je me sens tellement privilégiée. Que tu sois là, petit bonhomme, dans mes bras. Je retiens mes larmes. Je voudrais te serrer fort, fort, fort, pour que ce moment ne s’arrête jamais.
Quand je murmure dans ton oreille… Je pense toutes mes paroles. Tous les petits secrets, les petites prières, les petits mots doux. Est-ce que tu comprends ce que je te dis ? Est-ce que tu sais que je t’aime ?
Quand je glisse mes doigts dans tes cheveux, que je dépose un bisou dans le creux de ta joue, que je te souris, que nos regards se croisent, que je caresse ta main… Je pense à tous ces moments passés qui ne reviendront pas. Je pense à qui tu es. Je pense à toi.
Ezra, quand je te regarde… Je vois le petit garçon fragile et discret que tu es, mais aussi l’homme confiant que tu vas devenir. Et quand je te regarde, je ressens à la fois une fierté immense de savoir que tu es mon fils, et le déchirement de savoir qu’un jour, tu construiras ta vie loin de moi.
Peut-être qu’un jour tu liras ce texte, et tu sauras que je t’aime, autant qu’une mère peut aimer son enfant.
Ta maman.
J’ai les larmes aux yeux en vous lisant. Tellement vos mots sont justes, délicats et poignants. Et cela rejoins aussi ce que je me dis pour ma fille qui a grandi si vite et pour laquelle je n’ai pas ecrit autant dans le journal que je lui tiens par rapport au journal que je tienspour son grand frère. Vraiment vos mots sont si beaux. Merci.
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